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Ses yeux bruns qui dardaient un rayon fulgurant,
Et le frémissement de ses ailes funèbres
Qu’il secouait pareil au Phénix expirant.

Devant mes yeux encor, — des spectateurs honnie, —
Revit son imposante et sombre majesté,
Jetant aux quatre vents son hymne d’agonie,
Dont l’écho pour jamais dans mon cœur est resté.

Sous les vibrations de ses ailes puissantes
La poussière à ses pieds volait en tourbillons,
Les arbustes courbaient leurs tiges frémissantes,
Comme au souffle du vent les blés dans les sillons.

On voyait se crisper ses serres convulsives
Par la fièvre gonflant les muscles de son cou ;
Son perchoir monstrueux et les barres massives
De son cachot tremblaient et craquaient ; — tout-à-coup,

Dans un cri formidable, il s’éleva, terrible,
Comme s’il eût tenté d’en briser le plafond ;
Sa tête alla frapper la barrière inflexible
Et, poussant un long râle, il tomba sur le fond.

Tel qu’un ange déchu, les ailes pantelantes,
Le colossal oiseau gisait silencieux ;
Par moment, relevé sur ses jambes tremblantes,
Il geignait tristement, en regardant les cieux.

Comme je contemplais, prosterné sur la pierre,