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Avec tes bras charmants tu viens joindre nos têtes !
Alors de ma tendresse ô transports infinis !
Quelle joie ineffable, et comme je bénis,
Par l’hymne intérieur qui dans mon sein bourdonne,
Dieu qui te donne à moi, comme à toi je me donne !
Accours, dis-je à la brise, accours, prends ce baiser,
Prends tous ces doux parfums et les va déposer
Au front de la beauté qui m’a sous son empire,
Pour qui seule je vis, qui pour moi seul respire,
À qui j’ai dit : accepte à jamais mon soutien,
Et qui m’a répondu : nul autre que le tien !
Qu’importe la distance à deux amants fidèles ?
Leur amour par les airs les franchit d’un coup d’ailes.
Malgré l’arrêt jaloux du sort injurieux
Partout ta chère image est présente à mes yeux ;
Et ces lieux ravissants chers à mes rêveries,
Ces bois ont moins d’oiseaux, moins de fleurs ces prairies,
Moins d’épis dans ces champs vont dorer les moissons
Que mon cœur et ma tête ont pour toi de chansons !
Comme un triomphateur qui de pourpre étincelle,
Je retourne à la tâche où mon devoir m’appelle,
Et certes un empereur, un empereur romain,
Pendant que je m’en vais, m’accostant en chemin,
Avec toute sa cour que la gloire environne,
Je lui dirais : Va-t-en ! s’il m’offrait sa couronne,
Son char et ses drapeaux, son peuple de valets,
Et son sceptre et son trône avec tous ses pains
Pour l’humble fleur des champs qui brille à ta ceinture. —
— Il fait beau dans mon cœur comme dans la nature.

Charles Beltjens