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Au soleil s’élançaient plus luisants que l’acier,
Accompagnés du chœur des oiseaux aquatiques,
Où des rugissements lointains d’un carnassier.

Tout au loin, sous l’azur, la cité dont le faîte
En un brouillard doré nageait confusément,
Ruche énorme, aux splendeurs de la nature en fête
Mêlait son éternel et sourd bourdonnement.

La verdure, les fleurs, les bois, dans la lumière
Qui leur versait à flots joie et vitalité,
Aussi frais, aussi purs qu’à l’aurore première,
S’enivraient de jeunesse et d’immortalité.

C’était un de ces jours où tout chagrin morose
En espoir s’évapore aux rayons du printemps ;
Où le vieillard lui-même, à l’odeur de la rose,
Se rappelle, charmé ses rêves de vingt ans.

J’errais seul, au hasard, sous les branches fleuries,
Le cœur de molle extase et d’oubli pénétré,
La pensée éperdue en vagues rêveries,
Quand j’entendis soudain un cri désespéré,

Un de ces cris d’angoisse, alarme épouvantable
D’un être qui succombe au bout de tous ses vœux,
Dont l’accent se prolonge en écho lamentable,
Et d’horreur aux passants fait dresser les cheveux.

La chanson des oiseaux qui vibrait gaie et vive,