Page:Beltjens - À Beethoven, 1880.djvu/3

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 3 —


Tout l’espace est à lui ; — les continents énormes,
Les villes dont la brume estompe au loin les formes,
Les déserts étalant leur sauvage beauté,
Cimes et profondeurs, vallon, montagne et plaine,
Sombres forêts courbant leurs fronts sous son haleine,
Tout reconnaît sa royauté.

La foudre le précède, et les vagues marines,
Hurlant comme une foule aux cent mille poitrines,
Lorsqu’un triomphateur entre dans la cité,
En concert formidable acclamant son passage,
De leurs clameurs tonnant de rivage en rivage
Font retentir l’immensité.

S’il en prend fantaisie à sa course homérique,
D’un seul coup d’aile il va d’Europe en Amérique,
Et l’Islande sauvage, où partit son élan,
Du bruit de son essor tremble encore et résonne,
Que déjà sous son vol en tumulte frissonne
Toute la mer de Magellan.

Quand repliant alors sa puissante envergure,
Dans les rougeurs du soir, sur quelque rive obscure,
Il finit, triomphant, son glorieux chemin,
L’Océan à ses pieds secouant sa crinière,
Comme un lion soumis devant le belluaire,
Soupire et vient lécher sa main.