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MADEMOISELLE GIRAUD

grandes scènes, un rôle de poitrinaire, se reconnaissait à ses épaules blanches et satinées, à son menton arrondi et sensuel, à sa bouche d’une fraîcheur incomparable : celle-ci célèbre par ses bijoux et ses intermittences d’amour pour un grand comédien, avait, sous prétexte de chaleur, mis franchement son loup dans sa poche, et apparaissait belle et distinguée ; la troisième avait gardé son masque, mais on devinait sa toute charmante personnalité à son regard, un regard tellement incendiaire, que l’été dernier. lorsque son mobilier prit feu, ses amis l’accusèrent d’avoir allumé elle-même l’incendie.

À quel genre de fête tout ce monde avait-il été convié ? S’agissait-il d’un bal ? Aucun orchestre n’invitait à la danse. D’un concert ? C’est à peine si les voix se taisaient, si les rires cessaient, lorsqu’un artiste de mérite s’approchait du piano. C’était une fête sans nom, d’un genre particulier : une sorte de réception sous le masque.

Après avoir fait plusieurs fois le tour des salons, échangé beaucoup de saluts et de poignées de mains, essayé de dévisager discrètement quelques femmes, s’être arrêté à plusieurs reprises devant le buffet, un charmant homme de nos amis, lieutenant de vaisseau, en congé de semestre à Paris, ne craignit pas de s’approcher du maître de la