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MA FEMME

je m’étais réservé, et reprenant la conversation où nous venions de la laisser :

— Ici, lui dis-je, il ne serait même pas possible de se coucher en rond ; je ne possède ni divan, ni canapé.

— Pourquoi cela ? demanda-t-elle,

— Parce que je pensais me tenir rarement dans ce cabinet ; j’ai surtout soigné l’ameublement des pièces où nous devions habiter ensemble.

— Vous avez eu tort, me dit-elle ; le cabinet de travail d’un homme marié doit être confortable et élégant. Les fournisseurs, les indifférents et même la plupart des amis sont reçus dans cette pièce, qui leur sert à se faire une idée du reste de l’appartement. Je vous conseillerais un de ces meubles comme j’en ai vu chez plusieurs tapissiers ; dans la journée ils forment un divan, et le soir un lit des plus complets.

Je la regardai ; elle ne baissa pas les yeux.

— Je suivrai votre conseil, ma chère Paule, lui dis-je. Je vais sortir pour acheter, aujourd’hui même, le meuble dont vous parlez ; mais, vous le voyez, il me manquait absolument ; où pensez-vous que j’ai couché depuis deux jours ?