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MADEMOISELLE GIRAUD

Mes nerfs étaient tellement surexcités, que je fus sur le point de sortir de mon caractère, d’ordinaire calme et paisible, et de frapper à la porte avec tant de violence que, de guerre lasse, il aurait bien fallu m’ouvrir.

La peur du ridicule m’arrêta ; je ne voulus pas mettre mes gens dans la confidence de mon infortune conjugale. Je me contentai de m’appuyer silencieusement, de tout mon poids, contre la porte, dans l’espérance qu’elle céderait à mes efforts.

Peine inutile ; je n’entendis même pas le plus léger craquement ; la charpente de mon appartement était excellente, et je n’avais que trop à me louer de mon propriétaire.

Qu’ajouterai-je ? Cette seconde nuit se passa aussi agréablement que la première. Seulement, comme j’étais brisé de fatigue, je parvins à dormir, tant bien que mal.

Je me trouvai à mon réveil plus calme que je ne pouvais l’espérer, moins mécontent de ma femme, plus disposé à l’excuser. Après avoir réfléchi le plus froidement possible à nos conversations de la veille, et malgré certains détails qui m’avaient frappé, je crus pouvoir tirer cette conclusion, que Paule, loin d’être une ingénue ignorante de ses devoirs, avait au contraire sur le mariage