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MA FEMME

vous tout le temps. Si vous résistez à cette première épreuve, c’est qu’il y a de l’étoffe chez vous.

— Voyons si j’ai de l’étoffe, répliquai-je.

Comme si elle n’avait attendu que cette permission, Mme de Blangy prit gaiement Paule par la taille, et les deux jeunes femmes se sauvèrent en riant.

Loin d’en vouloir à la comtesse de m’enlever Paule, je me réjouissais presque du tête-à-tête auquel j’avais consenti. Une femme mariée peut être, à l’occasion, de bon conseil pour une jeune fille, et il m’était arrivé, durant mon insomnie de la nuit précédente, de me demander si Paule n’avait pas besoin de quelques avertissements. Enfin, vous avouerai-je ce détail des plus prosaïques : j’étais brisé de fatigue et ravi d’avoir l’occasion de fermer un instant les yeux.

Lorsqu’une heure après je les rouvris, les deux amies rentrées dans le salon, causaient devant la cheminée. Elles ne s’aperçurent pas de mon réveil et je pus les examiner à loisir.

Le contraste que présentait leur beauté était vraiment séduisant ; elles se faisaient valoir l’une par l’autre et se complétaient pour ainsi dire. Auprès des cheveux blonds et des yeux bleus de Mme de Blangy, les cheveux et

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