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MADEMOISELLE GIRAUD

peu ; mais je suis décidée à n’avoir pas l’air de m’en apercevoir, et j’arrive indiscrètement dès le premier jour, contre toutes les règles du savoir-vivre, afin de vous habituer le plus vite possible à mon sans-gêne et à mes impétueuses visites.

— Vous serez toujours la bienvenue, comtesse.

— À la bonne heure ; ce que vous dites là est très-spirituel. un mari a toujours grand intérêt à ménager l’amie intime de sa femme. N’est-ce pas vrai ?

— Mettons de côté l’intérêt, madame, et ne parlons que du plaisir.

— C’est du dernier galant, et vous grandissez à vue d’œil dans mon esprit. Prenez garde, vous allez atteindre des proportions gigantesques. À propos, êtes-vous jaloux ?

— Je n’en sais rien. Cela dépend.

— Seriez-vous jaloux, par exemple, de voir Paule me dire ses petits secrets de femme comme elle me disait ses secrets de jeune fille ?

— Je ne me suis pas beaucoup interrogé à ce sujet comtesse.

— Eh bien ! voici une occasion de vous interroger. Je passe avec votre femme dans sa chambre, nous fermons la porte, et je vous préviens que nous parlerons de