Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
MA FEMME

vous déclare que je dormis on ne peut pas plus mal, malgré mes fatigues de la journée. D’abord, à plusieurs reprises, je me levai, si on peut appeler cela se lever, en me disant que ma femme s’était peut-être départie de sa rigueur, et que le verrou était tiré. Soin superflu, peine inutile ! La porte était toujours hermétiquement fermée. Après chacune de mes infructueuses tentatives, je m’étendais de nouveau sur mon meuble, et le sommeil ne venait pas. Ce n’est pas que j’exagérais la situation, mais je ne pouvais m’empêcher de chercher les causes de la conduite, au moins originale, de ma chère Paule.

« Le verrou mal posé, me disais-je, se serait-il fermé de lui-même lorsqu’on a repoussé la porte ? Mais non, quand j’ai frappé, on aurait répondu.

« Fatiguée, souffrante, elle a sans doute désiré rester seule cette première nuit ! Elle a donc bien peu de confiance dans le délicatesse de mes sentiments ; je l’aurais comprise à demi-mot, je me serais retiré ; seulement je lui aurais peut-être demandé un matelas. Elle en a trois, tandis que moi… »

Vous voyez d’ici tous les commentaires que j’ai pu faire pendant ma longue veillée ; vous me saurez gré de vous les taire.