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MA FEMME

Enfin, vous l’avez déjà compris, j’étais et je suis peut-être encore ce qu’on appelle un naïf. Ce n’est pas impunément qu’on a des prix au grand concours, le prix d’honneur de rhétorique, et qu’on sort le troisième de l’École polytechnique.

De tels succès doivent se payer tôt ou tard. Les qualités intellectuelles trop surmenées étouffent, parfois, l’imagination, et il en faut un peu pour aller au-devant de certains malheurs, et prévoir tous les périls. En un mot, restez honnête tant que vous voudrez, mais soyez au courant de toutes les défectuosités humaines, afin de les avoir toujours présentes devant les yeux et de vous en méfier. Ayez physiquement le respect de vous-même, mais ne craignez pas de laisser votre imagination s’égarer, lorsqu’il s’agit de juger les autres. Je n’avais pas assez réfléchi à ces excellents préceptes, et Mme de Blangy m’avait bien deviné, lorsqu’en me donnant congé elle prononça ces mots : « Après tout, vous êtes bien le mari qui convient à Paule. »

Je vous ai dit qu’un vieil ami de ma famille accompagnait Mmes Giraud le jour où je les rencontrai à l’Opéra.

Je m’empressai de le rejoindre au foyer pendant un

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