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MA FEMME

— Qu’entendez-vous par là ? s’écria vivement Mme de Blangy.

— Mon Dieu ! répliquai-je, comtesse, le sentiment que j’ose vous prêter serait très-naturel. Lorsqu’on a une amie intime, on regrette toujours de la voir se marier ; elle ne vous appartient plus comme par le passé ; on perd souvent l’influence qu’on avait sur elle, et son cœur peut vous échapper.

—— Oh ! je ne doute pas de Paule ; elle continuera à m’aimer.

— Elle aura raison, madame, répliquai-je, et cela prouve en sa faveur.

— Alors, reprit-elle, tout ce que je vous dis depuis une heure, loin de vous décider à renoncer à vos projets, ne fait que les fortifier.

— J’avoue que… balbutiai-je.

— Je suis bonne femme ; contre toutes mes habitudes, je vous donne un excellent conseil, et, au lieu de le suivre, vous cherchez les motifs intéressés qui ont pu me le dicter.

— Mais…

— Vous m’avez rendu mes nerfs, cher monsieur ; il est bien juste que je les fasse passer sur vous. Et d’abord,

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