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MA FEMME

— Vous aimez donc les brunes, maintenant ? me demanda-t-elle.

— Mon Dieu ! comtesse, j’ai toujours aimé ce qui est beau.

— Je vous en fais mes compliments. Mais cet hiver, si j’ai bonne mémoire, vous étiez plus exclusif : vous sembliez ne croire qu’aux blondes.

— Que voulez-vous ? les blondes n’ont pas voulu croire en moi.

— Il faut qu’elles aient l’esprit bien mal fait. Êtes-vous plus heureux auprès des brunes ?

— Je n’en ai jamais rencontré qu’une seule qui me plût, et elle ne me connaît même pas.

— Vous n’en êtes peut-être que plus avancé, me répondit Mme de Blangy avec l’impertinence qui lui était habituelle. Et cette brune, ajouta-t-elle aussitôt, s’appelle sans doute Mlle Giraud ?

— Mais, comtesse…

— Voyons, ne jouez donc pas au plus fin avec moi. Est-ce que je n’ai pas déjà deviné le but de votre visite ? Vous restez six mois sans me donner signe d’existence, sans mettre une carte à ma porte. Et, tout à coup, vous tombez dans mon salon, à l’improviste sans crier gare,