Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
MA FEMME

recevait aucun homme dans son intimité, et on ne la voyait sortir qu’en compagnie de son amie Paule.

Telle était la femme que mes voisins attendaient et qui ne tarda pas à se montrer au milieu des promeneurs.

Le premier, je la vis s’avancer, au bras d’un vieux monsieur qu’elle avait sans doute prié de l’accompagner, et qu’elle congédia dès qu’elle eut rejoint ses amis. Elle entra bruyamment dans le groupe formé par mes voisins, embrassa Paule sur les deux joues et s’assit à ses côtés, à quelque distance des grands parents.

J’aurais bien voulu surprendre une échappée de la conversation des deux jeunes femmes, mais elles parlèrent si bas que ma curiosité ne put être satisfaite.

Une demi-heure après, mes voisins se levèrent et descendirent les Champs-Elysées devenus presque déserts.

La comtesse ouvrit la marche en s’appuyant sur le bras de mademoiselle Paule. Le père et la mère les suivirent.

Après leur départ, je me levai à mon tour, je me dirigeai vers le rond-point, j’entrai au Cirque assister aux derniers exercices, et je regagnai mon logis de garçon.

Cette nuit-là, je dormis mal, le souvenir de la belle Paule me poursuivit longtemps. Ses traits, si accentués,