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MADEMOISELLE GIRAUD

un changement complet dans son caractère. Il était triste, taciturne, fuyait le monde et ne faisait plus que de courtes apparitions au cabinet du ministre. Il y vint une dernière fois pendant l’hiver de 186… pour demander un congé illimité, serrer la main de quelques-uns de ses collègues, et annoncer qu’il allait entreprendre un voyage de plusieurs années.

En effet, il partit trois jours après et on ne sut jamais de quel côté il s’était dirigé.

On fit dans le monde beaucoup de commentaires sur ce départ précipité et cette complète disparition, au bout de six mois de mariage. Quelques personnes voulurent expliquer la conduite du comte, en prétendant qu’il avait éprouvé de cruelles déceptions dans son ménage et qu’il s’éloignait tout simplement, sans récriminations, sans cris, en véritable gentilhomme, d’une femme indigne de lui. Mais ces propos ne reposant sur aucune preuve, aucun fait, aucune parole échappée à M. de Blangy, ne purent nuire longtemps à la considération dont jouissait la comtesse.

Du reste, si ses allures étaient excentriques, sa conduite ne donna jamais prise à la malveillance. Elle ne