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MADEMOISELLE GIRAUD

qui défilèrent devant moi ; dès qu’elle apparaissait, j’oubliais, au grand désespoir de Mme de F…, les contre-danses demandées et promises, et rompant en visière à mes idées de mariage, j’allais causer dans un coin avec la nouvelle arrivée.

Aussi blonde que son amie Paule était brune, Berthe de Blangy avait un charme tout particulier : ses grands yeux bleus réfléchissaient à la fois l’ingénuité et la hardiesse ; sa voix avait une douceur infinie ; sa bouche, d’une petitesse presque exceptionnelle, laissait entrevoir des dents charmantes pressées les unes contre les autres ; son menton gras et rond avec une petite fossette au milieu, aurait fait rêver un analyste. Les femmes elles-mêmes ne pouvaient s’empêcher d’admirer ses épaules d’un modelé parfait, et les hommes ne songeaient pas à se plaindre qu’elle fût décolletée jusqu’à la dernière limite.

Son esprit vif, prompt à la riposte, fertile en saillies de toutes sortes, étonnait et charmait. Toujours armée d’un pince-nez, elle s’avançait tout à coup sur vous et vous adressait de son grand air impérieux une question des plus hardies, bientôt suivie d’une remarque naïve dont aurait rougi une pensionnaire.

En un mot c’était une femme on ne peut plus sédui-