Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
270
MADEMOISELLE GIRAUD

joie vous lui causerez !… Je ne sais quelle faute elle a commise envers vous ; je l’ai revue, il y a trois jours seulement. On nous avait écrit qu’elle était au plus mal et je suis accourue près d’elle ; une mère, peut-elle ne point pardonner à son enfant qui se meurt… Elle ne m’a rien dit des motifs de votre séparation ; elle n’en aurait pas eu la force, du reste, et je n’avais pas le courage de l’interroger. Mais j’ai compris, à son désir de vous voir, à son repentir que tous les torts étaient de son côté… Oh ! pardonnez-lui, monsieur, pardonnez-lui, qu’elle emporte cette consolation en mourant !

— Mais, dis-je, ne vous exagérez-vous pas la situation ? N’y as-t-il aucun espoir de la sauver ?

— Non, répondit-elle, Je me suis entretenue avec un médecin qu’elle avait fait venir de Paris. Il ne me savait pas sa mère et m’a dit la vérité : elle est atteinte d’une maladie du cerveau, dont je n’ai pas retenu le nom.

— Une pachy-méningite, dis-je machinalement.

Je me rappelai, tout à coup, l’effrayant pronostic du docteur X…

— Oui, c’est cela ; fit la pauvre femme. Sa mémoire s’affaiblit tous les jours, ses idées n’ont plus aucune netteté ; c’est à peine si elle trouve les mots dont elle a