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MADEMOISELLE GIRAUD

ou vieux ; on s’arrêtait, ou bien on se retournait pour la contempler. Elle semblait indifférente à cette admiration.

Une seule fois je la vis sortir de son insensibilité pour suivre des yeux une assez jolie femme blonde qui passait devant elle. La toilette excentrique de cette femme l’avait sans doute frappée, et elle se retourna pour la voir plus longtemps.

— Décidément, dit le père, agacé par le mutisme obstiné de sa filie, Paule ne se plait pas avec nous.

— J'ai déjà fait cette remarque, répliqua tristement la mère, Paule ne peut se passer de la société de Mme de Blangy ; elle s’ennuie quand son amie n’est pas à ses côtés, et nous ne suffisons plus à la distraire.

Cette petite remontrance, toute maternelle, parut faire une certaine impression sur ma voisine. Elle daigna desserrer les lèvres.

— Il est naturel, dit-elle, que j’aie du plaisir à me trouver avec Mme de Blangy. Elle a été pendant six ans ma compagne au couvent, et elle est restée mon amie.

— Nous ne te reprochons pas cette amitié, dit le père, qui semblait vouloir conquérir les bonnes grâces de sa fille ; nous regrettons seulement qu’elle nuise à ton affection pour nous.