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MA FEMME

entrepris, voyez-vous, une tâche impossible ; nous nous faisions des illusions l’un et l’autre. Il vaut mieux que cela finisse ainsi. J’ai brisé votre vie, vous si bon, si honnête, si droit. Ne me cherchez pas… vous ne parviendriez pas à me trouver… Elle saura bien me cacher, allez ! mieux que vous l’avez fait… Puis, je ne veux pas vous revoir ! Je n’oserais plus vous regarder, vous parler… Me conduire ainsi avec vous qui m’avez montré tant de générosité… Ah ! pourquoi depuis que nous sommes ici, ne m’avoir pas comme autrefois parlé de votre amour ? … Il n’y avait plus de verroux à ma porte… Mais vous aviez mon passé sur le cœur, vous me méprisiez encore, et moi j’attendais que le temps m’eût régénérée, que je fusse digne de vous… Quelle faute nous avons commise !… Il y aurait aujourd’hui entre nous des liens indissolubles que personne, personne ne parviendrait à briser… Adieu, adieu, oubliez-moi, plaignez-moi… Ah ! si vous reveniez pendant que j’écris cette lettre… je me jetterais à vos genoux, je… Tenez, j’attendrai jusqu’à demain : Elle dira ce qu’elle voudra, je ne partirai que demain. Mais venez, venez vite. »

Elle avait rouvert sa lettre et elle avait écrit :

« J’ai attendu encore deux jours… Qu’êtes-vous donc

15.