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MADEMOISELLE GIRAUD

son amour. Nous allons fuir, loin, bien loin ; on ne nous retrouvera plus. — Non, non, criait Paule, va-t’en, va-t’en, toi qui m’as perdue. Je veux le rejoindre, lui… il m’a enseigné l’honnêteté, le devoir. Il m’attend, il souffre, il m’appelle, je pars. — Eh bien ! Je pars avec toi. Mais s’il ne t’a pas attendue, c’est qu’il ne t’aime pas, c’est qu’il t’a trompée et alors je t’entraîne. » Je les voyais arriver à Oran : Paule courait à l’hôtel, je n’y étais pas. Alors Mme de Blagy devenait plus pressante, elle lui parlait des dix années écoulées, des serments faits au couvent et renouvelés plus tard, elle évoquait tous les souvenirs qui les unissait l’une à l’autre ; elle la magnétisait, en quelque sorte, par ses discours, rivait un nouvel anneau à la longue chaîne de leurs souvenirs et l’entraînait loin de moi, éperdue, mourante.

Voilà ce que j’entendais, voilà ce que je voyais dans cette nouvelle course de trente lieues à travers le désert et voici ce qui m’attendait à Oran :

Une lettre de Paule. Je la copie textuellement :

« Je suis une misérable créature. Mais il faut que vous sachiez comment tout s’est passé. Je ne veux pas être accusée de mensonge et de duplicité. Vous avez bien assez d’autres torts à me reprocher. J’ai été sincère, j’ai