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MA FEMME

Antonio. Vous lui demanderez un guide et des chevaux et il se chargera de vous les procurer, surtout si vous vous recommandez de moi.

— Je n’y manquerai pas.

— Arrivé à Nemours et pendant que vous vous reposerez à l’hôtel, vous ferez appeler le patron d’une balancelle. Les balancelles sont des embarcations assez solides, à demi pontées, montées par deux ou trois hommes ; elles transportent des fruits de Gibraltar à Nemours et s’en retournent avec un chargement de minerai. Vous traiterez facilement, pour quelques louis, de votre passage immédiat, et si vous ne perdez pas un instant, si le vent vous favorise, vous pouvez arriver à destination, douze heures environ après le bateau parti ce matin.

— Je ne perdrai pas un instant, m’écriai-je.

Je remerciai vivement mon cicerone et je pris congé de lui.

À midi et demi, j’étais en route pour Nemours.

Ben-Kader, au moment où j’allais partir, me demanda de m’accompagner. Je craignis pour cet enfant habitué à la terre ferme, un voyage en mer dans de mauvaises conditions et je refusai ses services. La fatalité me poursuivait : je suis maintenant persuadé que si j’avais cédé aux