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MADEMOISELLE GIRAUD

« Je suis obligée de m’éloigner de vous pour quelques jours. Pardonnez-moi, et prenez patience. Je reviendrai, je vous le jure. »

Je ne me donnai pas le temps de réfléchir au sens de ce billet, je ne compris qu’une chose, c’est qu’elle était partie et qu’il fallait la rejoindre à tout prix.

Je m’élançai dans l’escalier de l’hôtel, franchis le vestibule, débouchai sur la place, et apercevant Ben-Kader mélancoliquement accroupi sur le trottoir :

— Viens, lui criai-je, conduis-moi.

— Où ? demanda-t-il en se levant.

— Tu m’as dit que ma femme était partie ; de quel côté s’est-elle dirigée ?

Il ne répondit pas et se mit à marcher gravement devant moi dans la direction du port.

J’avais beau le supplier d’aller plus vite. C’était inutile : il ne lui convenait pas de se presser.

Enfin il s’arrêta devant une maison située sur le quai ; et me montra un écriteau où je lus :

« Aujourd’hui samedi, départ à dix heures, pour Gibraltar, de l’Oasis, capitaine Raoul. »

Comme je me retournai vers Ben-Kader, il étendit le