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MA FEMME

d’où l’on a pour horizon l’immensité de la Méditerranée.

Ben-Kader nous suivait sans cesse, toujours prêt à nous venir en aide et à nous donner des renseignements dans le patois dont se servent les petits Arabes pour se faire comprendre des Français.

— Tu sais, toi, monsieur, me disait-il parfois, lorsqu’il me voyait chercher Paule, qui s’était absentée un instant de l’hôtel, la dame elle est allée, là, dans la rue.

Le fait est que Ben-Kader savait bien mieux ce qui se passait dans la rue et sur la place que dans l’intérieur de l’hôtel où il ne pénétrait qu’à son corps défendant.

Les yaouley ont une horreur instinctive pour les plafonds et les murailles intérieures d’une maison. Il leur faut le grand air, l’espace, le ciel bleu au-dessus de leur tête. À peine couverts d’un pantalon flottant et d’une veste en calicot serrée à la taille par une ceinture rouge, les pieds nus, la tête ornée d’un fez, leur principale occupation consiste à s’asseoir sur les trottoirs des places ou des rues fréquentées et à prendre soin des chevaux.

Dès qu’un officier met pied à terre, à la porte d’un café, une foule de yaouley s’élancent vers lui. Il reconnaît d’ordinaire son favori et lui confie la garde de son