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MA FEMME

garçon comme à Paris. Si j’avais mis deux mers entre Paule et Mme de Blangy, j’avais, du moins pour l’instant, la discrétion de mettre l’épaisseur de plusieurs murailles entre ma femme et moi.

Je vous donnerai le moins de détails possibles sur mon séjour à Oran : dans ma disposition d’esprit, je m’occupai fort peu de la ville où le hasard m’avait conduit, et de ses habitants.

J’avais une seule pensée : distraire ma femme, changer le cours de ses idées, effacer le passé de son souvenir, lui faire prendre goût à une nouvelle vie et enfin essayer de lui plaire.

Ce n’était pas chose facile, je vous assure. Non pas que Paule mît, comme je l’avais craint d’abord, de l’obstination à refuser toute promenade et tout plaisir. Elle n’avait à cet égard aucun parti pris. Elle ne paraissait même pas m’avoir gardé rancune de la violence dont j’avais usé à son égard, et je pus constater, à plusieurs reprises, qu’aucune de mes délicatesses ne passait inaperçue et qu’elle me savait gré de mes soins. Mais elle était plongée, la plupart du temps, dans une sorte de prostration très-difficile à vaincre, malgré ses réels et très-visibles efforts.

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