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MA FEMME

sans transition, à succéder à… qui m’a précédé. Je veux que son imagination ait eu le temps de se calmer, qu’une sorte d’apaisement se soit fait en elle, qu’elle ait compris ses erreurs et en ait rougi. En butte depuis plusieurs années à de pernicieux conseils, à de funestes exemples, ployée sous une infernale domination, inconsciente de ses torts, enivrée, aveuglée, affolée, il faut que peu à peu elle renaisse à la liberté, qu’elle reconquière son indépendance, que la lumière se fasse dans son esprit et dans son cœur. C’est une âme à sauver, eh bien ! je la sauverai. Si vous me trouvez ridicule, tant pis pour vous.

Grâce aux express et surtout aux rapides, il n’y a plus de distance entre Paris et Marseille. Mon intention n’était donc pas de rester dans cette dernière ville, où il aurait fallu exercer sur Paule une surveillance incessante, pour la dissuader de retourner rue Caumartin. J’étais décidé à continuer mon voyage et à m’embarquer sur un des premiers paquebots qui sortiraient du port.

Si M. de Blangy, comme il en avait manifesté le projet, avait entraîné sa femme vers le Nord, c’est-à-dire du côté de l’Angleterre, la Manche et la Méditerranée allaient se