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MA FEMME

En même temps, sans la regarder, sans paraître m’apercevoir de son étonnement, je marchai vers la cheminée et tirai le cordon de la sonnette.

Une femme de chambre parut.

— Madame, dis-je à cette fille, part, ce soir, en voyage. Mettez dans une malle, ses objets de toilette les plus indispensables. Elle ira dans un instant vous rejoindre et vous aider. Allez et faites vite.

— Mais vous êtes fou, monsieur ! s’écria Paule, lorsque la femme de chambre fut sortie.

— Je n’ai jamais été plus raisonnable, répondis-je.

— Et vous croyez que je vais partir comme cela, tout à coup, pour obéir à je ne sais quel caprice ?

— Oh ! ce n’est pas un caprice, c’est une volonté, ferme, inébranlable.

— Il ne s’agit donc plus de ma santé : en admettant que je sois malade, vous ne pouviez pas savoir que je l’étais.

— Je vous savais gravement atteinte moralement ; cela me suffisait. Je viens de reconnaître que vous souffriez aussi au physique et je n’en suis que plus décidé à mettre à exécution mes projets.

— Quels sont-ils ? Je ne les connais qu’en partie.