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MA FEMME

Nous fîmes aussitôt avancer deux voitures, on y descendit nos malles et nous prîmes congé l’un de l’autre.

Nous nous serrâmes la main avec chaleur ; nous avions appris depuis plusieurs jours à nous aimer et à nous estimer.

À six heures de l’après-midi, ma voiture s’arrêta rue Caumartin, devant ma demeure. Je descendis aussitôt et sans demander de renseignements au concierge, je gravis l’escalier, j’ouvris la porte de mon appartement dont j’avais conservé une clef et j’entrai dans le salon.

Mon cœur battait à se briser, mais j’étais calme en apparence et résolu.

Paule, assise dans un fauteuil, un livre sur ses genoux, poussa un cri de surprise en m’apercevant, se leva et vint à ma rencontre, en me tendant la main.

Je n’avançai pas la mienne.

— Tiens ! fit-elle avec étonnement, après quatre mois de séparation, vous ne me dites pas bonjour.

Je ne répondis pas et je la regardai.

Depuis que je ne l’avais vue, de grands changements s’étaient faits en elle : ses fraîches couleurs avaient disparu ; le sang paraissait s’être retiré de ses lèvres autrefois si vermeilles. Une sorte d’excavation s’était creusée