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MA FEMME

vous pas depuis longtemps retourné à Paris où tout vous rappelait, vos goûts, vos habitudes, votre carrière, vos relations ? Pourquoi végéter ici lorsque vous pouvez vivre là-bas ?

Il baissa la tête et ne répondit pas. Enhardi par ce premier succès, je continuai en ces termes :

— Soit ! J’y consens, vous n’aimez plus. Le mépris a tué notre amour à tous deux. Nos femmes nous sont devenues absolument indifférentes. Elles ne méritent pas la peine que nous nous donnerons pour les reconquérir. Mais la morale, monsieur, la morale que vous invoquiez, tout à l’heure. Vous flétrissiez avec indignation les gens qui ne savent pas condamner et punir certaines erreurs. Cependant, ceux dont vous parliez n’étaient pas intéressés, comme nous le sommes, à la répression. Réserverez-vous toutes vos colères pour les autres, et vous accorderez-vous des indulgences plénières ? Non, monsieur, non, nous devons à la société, nous nous devons à nous-mêmes de faire justice de coupables égarements !

Je parlai longtemps ainsi. Ah ! mon cher ami, je n’étais plus le jeune marié que vous avez connu plein de délicatesse, de réserve, innocent et pudique, passant