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MA FEMME

l’étais demandé, un jour il se demanda si Mme de Blangy ne faisait pas, dans le domicile conjugal, des économies de tendresse, pour se livrer au dehors à des prodigalités coupables. Il la suivit, la vit pénétrer dans un rez-de-chaussée de la rue Louis-le-Grand, soudoya le concierge, parvint à se cacher dans l’appartement, et, plus habile que moi, put entendre la conversation de sa femme et de celle qui était, hélas ! destinée à devenir plus tard la mienne.

Ce qui se dit dans cet entretien, où le mariage fut effrontément battu en brèche, chatouilla si désagréablement les oreilles du comte, qu’il ne se gêna pas pour intervenir.

Il apparut au moment où l’on disait le plus de mal de lui. Paule, en sa qualité de jeune fille, rougit, pâlit, et finit par avoir une attaque de nerfs. Quant à la comtesse, elle paya d’audace : elle ne rétracta rien de ce que venait d’entendre M. de Blangy, et poussa l’effronterie jusqu’à se glorifier, en quelque sorte, de ses idées subversives.

Le comte, durant la vie assez dissipée qu’il avait menée avant son mariage, avait parfois entendu soutenir d’étranges théories, et cependant il restait confondu, anéanti. L’indignation avait fait place à la stupeur, la colère au