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XX

Elle était si complète que le comte eut beaucoup de peine à m’ouvrir l’esprit. Ma conscience, qui se révoltait, m’empêcha, pendant un certain temps, d’ajouter foi à ce que j’entendais. Il existe, mon cher ami, des cerveaux ainsi faits, que certaines pensées ne sauraient y entrer et surtout s’y graver. Malgré mon honnêteté native qui m’avait toujours éloigné des confidences malsaines ; malgré une existence exceptionnelle qui m’avait mis à l’abri de tout spectacle dangereux, je n’étais pas sans avoir quelques vagues données sur toutes nos misères ; mais j’avais cru de bonne foi que la naissance et l’éducation avaient élevé une barrière infranchissable entre certaine classe de la société et de telles misères.

M. de Blangy reconnaissait qu’elles n’existaient dans