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MADEMOISELLE GIRAUD

bonne fortune de me trouver en face d’une femme charmante et du meilleur monde.

M. de Blangy s’avança vers moi et me dit :

— Voyons, parlez-vous sérieusement ?

— Certainement.

— Vous vous êtes félicité d’avoir trouvé votre femme avec la mienne dans cet appartement de la rue Laffite ?

— Je ne m’en suis pas félicité, j’ai préféré cette découverte à celle que je craignais de faire.

— Eh bien ! monsieur, s’écria le comte, je ne partage pas votre avis : j’aurais préféré de me pouvoir venger.

— La vengeance, répliquai-je, a certainement du bon, et j’y ai plus d’une fois songé, je vous le jure. Mais il est plus agréable, vous en conviendrez, de se dire : « Je me croyais trompé, je ne le suis pas, ma femme n’est pas coupable. »

Ces derniers mots, prononcés le plus innocemment du monde, furent une révélation pour M. de Blangy. Il ne pouvait plus douter de ma parfaite candeur.