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MADEMOISELLE GIRAUD

fusais à des confidences nécessaires, sollicitées en quelque sorte ?

Non ; je parlai. Je parlai, comme je vous parle à vous, mon cher ami, en toute sincérité. Je dis au comte les tristes péripéties de ma campagne amoureuse, je ne lui fis grâce d’aucun détail.

Il m’écoutait en silence, grave et recueilli ; on aurait pu croire que mon histoire était la sienne, que mes aventures lui étaient arrivées tant il semblait s’y s’intéresser.

« Oui, c’est bien cela. Je la reconnais ! Toujours la même ! » telles furent les seules exclamations qui parfois interrompirent mes confidences.

Je venais de lui dire comment la curiosité et la jalousie m’avaient conduit à suivre ma femme rue Laffite, et j’en étais arrivé au moment où la voyant tout à coup sortir de l’appartement que je surveillais, je m’élançai vers la porte, je la repoussai et je me trouvai en face de…

— De Mme de Blangy, s’écria le comte.

— Comment ! vous avez deviné ? fis-je étonné.

— Si j’ai deviné ! Ce qui me surprend, ajouta-t-il, c’est que vous ayez éprouvé la moindre surprise à ce sujet. Quoi ! vous aviez visité, la veille, ce logement de la rue Laffite et vous conceviez des doutes.