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MA FEMME

mademoiselle B… a une voix qui rappelle le chant du paon. Bref, je prends plaisir à chercher la petite bête, et je lasserais la patience de M. de Foy.

Cependant, on fait de nouvelles tentatives ; mes hésitations, mes résistances exaspèrent mes protectrices ; elles se jurent de triompher de mon mauvais vouloir. Ce ne sont plus des héritières isolées qu’on me présente ; ce sont des fournées d’héritières ; je n’ai plus qu’à choisir dans le tas. Devant mes yeux qui commencent à se troubler, défilent des visages pâles, des visages colorés, de petites tailles, de moyennes et de grandes tailles, des épaules rondes, des épaules pointues ; des cheveux de toutes les nuances, depuis le noir de jais jusqu’au châtain clair, depuis le blond cendré jusqu’au blond incandescent ; des lèvres minces et des lèvres sensuellement épaisses ou retroussées ; enfin, des nez des toutes les formes, et pour tous les goûts. C’est une procession qui n’en finit pas, une lanterne magique perpétuelle, un kaléidoscope vivant.

Eh bien ! ce défilé m’agace, me porte sur les nerfs, J’en arrive à trouver laides les plus jolies, insupportables les plus charmantes, et, au lieu de choisir parmi ces