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MA FEMME

je l’ai souvent rencontrée dans le monde, c’est une très-jolie personne.

C’était bien mon avis, je n’avais rien à répondre.

Nous marchâmes quelque temps en silence ; tout à coup M. de Blangy parut faire un violent effort sur lui-même, s’arrêta et me dit :

— Votre femme voit-elle toujours la mienne ?

— Sans doute, répondis-je ; elles sont inséparables.

Il jeta sur moi un regard que je me rappellerai toute ma vie ; on aurait dit qu’il voulait pénétrer dans ma pensée, lire dans mon âme. Puis il détourna la tête et, comme nous venions d’arriver devant l’hôtel, il me quitta brusquement, sans dire un mot, prit la clef de sa chambre et disparut.

Une heure après on se mettait à table ; le comte ne parut pas au dîner.