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MADEMOISELLE GIRAUD

pas avoué, la veille, le plaisir qu’il avait éprouvé de revoir la France, après trois années d’absence ?

Quoiqu’il parlât très-rarement de lui, ne s’était-il pas oublié jusqu’à me dire : « Lorsque j’étais dans la diplomatie », et ne savais-je pas que, peu après son mariage, le comte avait remis sa démission entre les mains du ministre des affaires étrangères ?

Enfin, sa façon de parler des femmes et le peu de respect qu’elles paraissaient lui inspirer, établissaient son identité. C’était bien là le langage de l’homme qui, par légèreté, par amour du changement, s’était si mal conduit vis-à-vis de cette pauvre Mme de Blangy et en avait fait une veuve lorsqu’elle était à peine mariée. Décidément, pour ma première liaison contractée en voyage, je n’avais pas eu la main heureuse.

Mais je ne tardai pas à m’avouer que la conduite du comte à l’égard de sa femme ne me regardait pas. Le hasard n’avait donné un fort agréable compagnon, je devais m’en réjouir et profiter de ma découverte et des attaches qui existaient entre nous, pour resserrer nos relations.

« Dans une heure à peine, pensai-je, en me promenant devant l’hôtel, le déjeuner nous réunira et je