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MA FEMME

— Lorsque vous serez pour moi ce que vous devez être.

Je m’attendais à ce qu’elle allait répondre : « Je suis une compagne empressée, une amie fidèle ; j’essaye de vous rendre la vie facile, mon caractère est charmant, mon humeur toujours égale. Qu’avez-vous à me reprocher ? » Et, alors, avant de partir, je me serais donné la douce satisfaction de lui dire : « Je ne vous ai pas épousée pour faire de vous une dame de compagnie et admirer votre caractère. Je rends hommage à vos qualités intellectuelles, mais je ne serais pas fâché de connaître, d’une façon plus intime, vos autres qualités. » Enfin je lui en aurais dit tant et plus, j’aurais éclaté ; cela soulage toujours un peu.

Elle ne m’en fournit pas le prétexte, soit qu’elle redoutât mes discours et craignit une scène, soit qu’elle eût vraiment conscience de ses torts envers moi.

Cependant elle restait dans ma chambre sans essayer de me fuir ; elle suivait, des yeux, tous mes mouvements, Il y avait dans son regard de la sympathie, de la tristesse.

Enfin je dis :

— Il est l’heure de partir.