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MADEMOISELLE GIRAUD

— Je vous aurais dit adieu. Je trouvais utile de vous émotionner à l’avarice.

Elle ne releva pas ce qu’il y avait d’ironique dans mes paroles. Debout près de la cheminée, le coude appuyé sur le marbre, elle me regardait, en silence, faire mes derniers préparatifs de départ. Tout à coup, je l’entendis murmurer ces mots :

— Oui, cela vaut peut-être mieux.

Je déposai le nécessaire de voyage que je tenais en ce moment à la main, et, m’avançant vers elle :

— Vous trouvez que j’ai raison de m’éloigner, lui dis-je. Ma présence vous gênait ; n’est-ce pas ?

— Vous vous méprenez sur le sens de mes paroles, fit-elle, avec douceur ; j’avais une autre idée, elle n’avait rien de désobligeant pour vous.

— Espérez-vous donc, repris-je, que ce voyage changera vos dispositions à mon égard ?

Elle ne répondit pas à cette question, trop directe sans doute ; seulement, au bout d’un instant, elle me dit :

— Nous sommes en hiver ; ne craignez-vous pas le froid ?

— Non, je me dirige vers le Midi.

— Quand pensez-vous revenir ? demanda-t-elle.