Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
MA FEMME

Dix minutes après, j’étais rue Laffitte. J’allais suivre de point en point le plan que je m’étais tracé.

— Je vous ai demandé quarante-huit heures pour réfléchir, dis-je à la concierge ; aujourd’hui me voici à peu près décidé. Quelques détails d’emménagement m’empêchent seuls d’arrêter d’une façon définitive votre grand appartement. Je désire y placer de vieux bahuts et des tapisseries anciennes que, sous aucun prétexte, je ne voudrais être obligé de rogner et de couper ; il est important que je sache s’ils peuvent entrer dans le salon. J’ai pris leur mesure exacte, et si vous n’y voyez pas d’obstacles, je vais maintenant prendre la hauteur des murs.

Pour donner plus de poids à ce que je disais, je tirai de ma poche un papier surchargé de chiffres.

La concierge trouva ma demande des plus naturelles, s’empressa de m’ouvrir l’appartement que j’étais sur le point de louer, et comme il était entièrement vide, elle ne craignit pas de me laisser seul à mes calculs et de retourner dans sa loge.

Enfin ! J’étais libre ! Par la porte d’entrée, j’allais voir, dans un instant, Paule monter l’escalier et déboucher sur le palier. Peut-être son amant l’attendait-il déjà et viendrait-il à la porte pour la recevoir : alors je m’élancerais