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MADEMOISELLE GIRAUD

toujours. » Ah ! c’est indigne, c’est lâche, ce que je vais confesser : j’aurais pardonné !

Tout le monde, je le sais, ne me comprendra pas. On est tenté de me dire : « Vous ne pouvez plus aimer cette femme. En apprenant ce que vous venez d’apprendre, en découvrant sa trahison, le mépris a tué l’amour. » Eh ! dans certain cas, le désir survit à l’amour, et la possession seule tue le désir !

Du reste, l’impression que j’avais ressentie dans ma visite de la rue Laffitte s’effaça quelques heures après : je rentrai en possession de moi-même et je ne fus plus animé que des sentiments qui doivent appartenir à un mari outragé, à un homme cruellement frappé dans son honneur.

Deux longs jours s’écoulèrent, deux jours pendant lesquels Paule ne paru pas disposée à sortir : ses souvenirs lui suffisaient sans doute et l’aidaient à attendre l’heure du prochain rendez-vous.

Enfin cette heure sonna : je la vis partir légère et tranquille, à mille lieues de supposer ce qui se passait en moi.

À peine se fut-elle éloignée que je descends à mon tour.