Page:Belot - Mademoiselle Giraud, ma femme (47e éd.).djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
MADEMOISELLE GIRAUD

Après avoir traversé deux pièces je m’arrêtai, et m’adressant à la concierge :

— Cet appartement n’est donc pas meublé, fis-je observer.

— J’ai dit à Monsieur que c’était un pied à terre ; Madame ne couche jamais ici. Quand elle vient dans le jour, elle se tient dans son salon.

— Où est-il ce salon ?

— Le voici.

Je poussai une porte et j’entrai.

D’abord, je ne vis rien. Les persiennes étaient fermées, les rideaux baissés. La concierge courut à la fenêtre et ouvrit. Je regardai de tous mes yeux.

Figurez-vous, mon cher ami, une petite pièce de quatre mètres carrés environ, un boudoir plutôt qu’un salon, tendu de satin noir capitonné avec des boutons en satin ponceau. Un de ces immenses divans, que nous devons à la Turquie, très-bas de forme, presque au niveau du sol, recouvert d’une étoffe semblable à celle de la tenture, capitonné comme elle, faisait le tour de la pièce : sur le parquet, un épais tapis à triple thibaude et les coussins en satin noir du divan, jetés çà et là en guise de sièges. Aux murs, pour tout ornement, plusieurs petites