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MA FEMME

taire désire louer son grand appartement, et s’il convient à Monsieur, si Monsieur tient absolument à y joindre le petit, on donnerait congé au locataire d’en face.

— Oh ! déranger à cause d’un nouveau venu quelqu’un qui habite la maison depuis longtemps.

— Non, Monsieur ; cette personne n’est ici que depuis deux mois.

— Ah ! deux mois ! C’est égal, elle a ses aises, ses habitudes.

— Oh ! bien peu. Elle habite la campagne, parait-il, et elle a pris ce logement comme pied à terre. Elle s’y repose quelques instants lorsqu’elle vient à Paris, deux ou trois fais par semaine.

— C’est sans doute, dis-je en souriant, un jeune homme qui habite en famille ; il donne ici ses rendez-vous de garçon.

— Non, Monsieur, fit la concierge, c’est une dame.

Une dame ! Je restai confondu. Ma femme avait eu la hardiesse de louer elle-même ce logement, pour y recevoir son amant. Je ne pouvais même plus me dire que, poussée par la passion, elle avait consenti à se rendre chez celui qui avait su lui plaire, qu’elle avait succombé peu à peu, comme succombent beaucoup de femmes.

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