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MA FEMME

coup, le lieutenant de vaisseau lui prit les mains avec une vivacité charmante et s’écria :

— Tu souffres, tu as quelque grand chagrin. À qui le confierais-tu, si ce n’est à moi ? N’étais-je pas ton seul ami, autrefois, ton frère ? Pour avoir longtemps vécu éloignés l’un de l’autre, avons-nous cessé de nous aimer ? As-tu donc oublié le plaisir que nous venons d’éprouver à nous revoir ? Un coup d’œil nous a suffi pour nous reconnaître, malgré notre longue séparation, et avant que nos mains se fussent rejointes, notre cœur nous entraînait l’un vers l’autre.

— Ah ! que ne t’ai-je rencontré plus tôt, répondit Adrien de C… Tu m’aurais aidé de tes conseils, tu m’aurais peut-être consolé. Maintenant, il n’y a plus rien à faire et je n’ai plus rien à dire.

Et comme s’il redoutait de nouvelles questions et de nouvelles prières, il se leva et entraîna son ami vers les salons du premier étage.

Ils avaient changé d’aspect depuis que l’officier de marine les avait quittés. Il y régnait maintenant plus d’animation et de gaieté. À la suite du souper, quelques masques étaient tombés comme par mégarde, on apercevait plusieurs jolis visages ; d’autres se laissaient deviner.

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