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MADEMOISELLE GIRAUD

ment, mais je savais, au moins, de quelle nature était mon mal, quel était le nom de ma maladie. J’allais certainement connaître celui qui m’avait réduit au désespoir, qui avait osé me prendre mon bien, s’emparer de mes droits, me voler un cœur qui m’appartenait et le garder à lui tout seul, sans consentir au plus petit partage. Ah ! le misérable ! il lui avait sans doute dit : « Je consens à ce que tu l’épouses, à ce qu’il te donne son nom, mais c’est moi qui, de fait, serai ton mari, moi seul. Tu ne tiendras aucun compte de son amour et de ses droits. Tu n’aimeras que moi. »

Oui, il lui avait dit cela, et lui avait arraché quelque serment solennel ; sans quoi elle se fût conduite comme la plupart des femmes mariées qui ont un amant : elle m’eût trompé avec lui et l’eût trompé avec moi.

Mais qui était-il ? Il fallait au plus vite le voir, le connaître. Il fallait…

Ah ! mon cher ami, moi, que mon imagination n’avait jamais beaucoup tourmenté, si vous saviez comme elle travaillait maintenant, comme elle était en délire, à quelles vengeances elle me poussait ! Je vous réponds que mes camarades de promotion ne se seraient plus, comme au-