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MADEMOISELLE GIRAUD

supposer que j’approchais du terme de mes pérégrinations. Paule semblait plus inquiète, sa marche était moins régulière, elle se retournait plus fréquemment ; elle ne se sentait pas suivie, mais elle se disait que sans doute le moment était venu de redoubler de précautions. Ah ! mon cher ami, quelle course, quelle poursuite, quelle chasse, et surtout quelles émotions !

Enfin, après avoir pris la rue de Provence, à droite, dépassé la rue Saint-Georges, traversé le boulevard Lafayette, elle s’engagea dans la rue Laffitte, et je la vis tout à coup disparaître sous une porte cochère.

Je m’arrêtai. Qu’allais-je faire ? Entrer à mon tour dans la maison où elle venait de s’introduire, la rejoindre sur l’escalier, lui reprocher sa conduite, la traiter comme elle le méritait, l’obliger à me suivre ?

Mais alors son secret m’échappait : elle refusait d’avouer qu’elle allait à un rendez-vous ; elle prenait le premier prétexte venu pour expliquer sa présence dans cette maison inconnue : « On lui avait donné l’adresse de quelque fournisseur, elle le cherchait. C’était pour prier qu’elle était entrée à la Madeleine ; par curiosité qu’elle se retournait à chaque instant dans la rue ; par amour de la flânerie qu’elle s’était promenée dans