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MADEMOISELLE GIRAUD

— Je vais faire des emplettes ; je monterai aussi chez ma mère, avez-vous des commissions ?

— Non, répondis-je, je vous remercie.

— Au revoir alors, ajouta-t-elle, et elle s’éloigna.

Lorsque la porte de l’appartement se fut refermée, je courus à mon poste habituel, à l’observatoire que je m’étais ménagé derrière une des persiennes de mon cabinet de travail, devenu, hélas ! ma chambre de garçon.

C’était par acquit de conscience que je me donnais maintenant cette peine. Paule, depuis deux mois, passait devant la maison de Mme de Blangy sans s’arrêter, sans même lever les yeux vers les croisées de son amie ; elle n’avait aucune raison, ce jour-là, pour changer d’habitude. Je la vis bientôt sur le trottoir, au-dessous de moi ; elle suivait les maisons dans la direction du boulevard. Je me surpris à l’admirer : ses cheveux, contenus par derrière dans une fine résille, avaient, au soleil, des reflets éblouissants. Par moments, pour éviter quelque obstacle, d’un geste imperceptible elle soulevait le bas de sa robe, et l’on voyait apparaître deux pieds délicieusement cambrés et un petit bout de jambe adorable.

Elle ne marchait pas ; elle ondulait pour ainsi dire : ses épaules, sa taille, ses hanches semblaient rouler de