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MADEMOISELLE GIRAUD

Elle ne le rompit qu’au bout d’un instant pour me dire :

— Puis-je du moins faire une dernière visite à Mme de Blangy, pour lui apprendre vos volontés et lui exprimer mes regrets de ne plus la voir ?

— Certainement, fis-je touché malgré moi de cette soumission à mes désirs.

Lorsqu’elle fut partie, je me dis bien que cette soumission n’était qu’apparente. Paule, sans aucun doute, allait se consulter avec la comtesse pour trouver un moyen de me faire changer de détermination. Que m’importait ? N’étais-je pas décidé à ne pas faiblir, à me montrer inexorable, tant qu’on serait inexorable pour moi.

Je me trompais encore sur ce point. Paule ne m’ouvrit plus la bouche de Mme de Blangy ; cette dame ne fit aucune tentative pour obtenir que je lui rendisse son amie, elle ne m’écrivit même pas, comme je m’y attendais, pour me reprocher ma conduite à son égard, je n’eus pas besoin de la consigner à ma porte, elle ne vint jamais y frapper, et j’acquis la preuve certaine que Paule n’allait plus chez elle. En effet, Mme de Blangy ne demeurait-elle pas dans notre rue, presque vis-à-vis de nous, et lorsque ma femme sortait, ne pouvais-je pas de ma croisée, caché