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MA FEMME

la main, au moment de monter en wagon. Je vous la ramènerai tout autre.

Je ne m’en aperçus pas. Ce voyage n’apporta aucun changement à ma situation. J’eus lieu de croire, cependant, à certaine altération dans les traits de Paule, que Mme de Blangy avait tenu sa promesse, qu’elle l’avait tourmentée, grondée à mon sujet, et abreuvée de morale. Mais il était écrit que rien ne pouvait triompher de cet indomptable caractère.

C’est alors, mon cher ami, qu’irrité, agacé, énervé, devenu méchant, je donnai un libre cours à cette tyrannie dont je vous ai déjà parlé.

Tant que j’avais eu quelque espoir, je m’étais contraint malgré mes crispations nerveuses et mon réel chagrin. Je ne voulais mettre aucun tort de mon côté, et si je n’avais pas pour Paule toutes les prévenances d’un mari amoureux et aimé, elle n’avait eu cependant jamais à se plaindre de moi : je la laissais libre de disposer de son temps à sa fantaisie, de voir les personnes qui lui plaisaient, je lui procurais un nombre suffisant de distractions, et plus d’une fois, je lui avais apporté quelque cadeau, destiné à l’attendrir.

Dès lors, je me refusai à l’accompagner lorsqu’elle voulut