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MADEMOISELLE GIRAUD

l’oreiller au-dessus de sa tête. Sous le drap qui la couvrait imparfaitement, on apercevait tous les contours d’un corps admirable. N’insistons pas davantage : dans mon déshabillé galant, debout au milieu de la chambre, exposé aux rhumes de cerveau, le moment serait mal choisi pour regarder ma femme s’étendre voluptueusement dans mon domaine. Ne devais-je pas le conquérir au plus vite et m’y installer en maître avant le réveil de l’usurpatrice ?

Je me décidai à monter à l’assaut. Ce n’était pas chose facile : le lit était un de ces bons lits élevés comme les aimaient nos pères et dans lesquels on ne saurait se glisser.

Il fallait enjamber, il n’y avait pas à dire. Mais mon parti était pris, je ne connaissais pas d’obstacles. Tout à coup, au moment où ma jambe droite avait déjà franchi le bois du lit et cherchait un point d’appui sur le sommier élastique, où ma jambe gauche allait la rejoindre, au moment enfin où j’étais en quelque sorte suspendu dans les airs, j’entendis un éclat de rire, mais un éclat de rire si retentissant que je perdis l’équilibre, et retomba à pieds joints sur le tapis.

Paule n’avait pas fait le moindre mouvement, son