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MA FEMME

elle avait sans doute épuisé le fonds du quincaillier voisin.

Ces petites opérations avaient heureusement lieu entre nous, loin des regards indiscrets des domestiques. Ils continuaient à nous croire les plus heureux époux de la terre, tellement Paule mettait de soin à me combler d’attentions devant eux. Jamais un mot, un geste, ne put leur faire deviner nos querelles intestines. Je me plais à rendre cet hommage à Mlle Giraud ; c’est le seul.

Usa-t-elle de stratagème pour remplacer son septième verrou ? Trouva-t-elle une façon originale de se fortifier de nouveau et de se soustraire à quelque intempestive visite nocturne ? Longtemps je n’en sus rien. Le souvenir de ma première campagne me donnait à réfléchir ; j’hésitais à m’exposer à une nouvelle défaite et je m’enfermais sous ma tente, comme le chasseur que plusieurs insuccès ont désespéré et qui reste chez lui, dans la crainte de revenir bredouille.

Cet accès de timidité, d’amour-propre, de dignité, de poltronnerie, — appelez-le comme vous voudrez, je crois qu’il y avait un peu de tout cela, — ne pouvait cependant durer.

Il devait venir à ma pensée (il serait venu à la pensée

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