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prise. Luiz de Sant-Angel fit mieux : receveur des droits ecclésiastiques dans l’Aragon, il laissa à la couronne de Castille tous ses diamants. Il refusa le gage de la reine, et se chargea de faire toutes les avances.

Cependant Juan Perez avait repris la route de Palos, bénissant Dieu dans son cœur. Il était à peine depuis un mois de retour dans son monastère, que Colomb l’y avait rejoint, nanti des lettres patentes autorisant sa mission.

À ces pièces, était annexée une lettre de privilège, élevant Christophe Colomb à la dignité de grand amiral de la mer Océane, et lui conférant le titre de don.

Enfin le port de Palos, qui, par une disposition antérieure, devait à la couronne deux caravelles armées et équipées, était choisi comme point d’un embarquement auquel la commune devait pourvoir dans le délai de dix jours.

Cette dernière clause excita dans la population moins d’enthousiasme que les premières ; les mêmes marins qui, la veille encore, se seraient tous portés garants de la justesse des idées de Colomb, dès qu’il s’agit de concourir à leur réalisation, manifestèrent une répugnance qui alla presque à la révolte.

Colomb triompha cependant, soutenu par l’autorité et, surtout grâce à l’éloquence persuasive de Juan Perez et de ses moines, qui ne cessaient de rappeler leur devoir aux récalcitrants, et de combattre leurs terreurs et celles de leurs familles.

La conversion la plus importante qu’ils opérèrent fut celle de Martin Alonzo Pinzon, dont nous avons noté les dispositions précédemment si bienveillantes. Ce personnage et ses deux frères se